La ligue britannique d’aide aux régions sinistrées de la France et de la Belgique fut fondée en 1920, grâce surtout aux efforts et à la direction de Lady Bathurst.

Lady Bathurst était une dame riche de grande influence, propriétaire du journal “The Morning Post”. Elle a visité la France en 1920 et en rentrant en Angleterre a fondé un groupe local à Cirencester pour envoyer de l’aide à deux villages qu’elle avait visités : Passel et Ville. De ces petits débuts est née une organisation nationale.

Lady Bathurst - photo prise en 1902 au couronnement du roi Édouard VII.
reproduite avec la permission des studios Lafayette, Victoria and Albert Museum, Londres
Les buts de la ligue étaient de “venir au secours de ceux qui ont souffert autant pour nous que pour eux-mêmes, ….. pour apporter de l’aide pratique et personnelle à ceux qui en ont grand besoin……… On recommande vivement un échange de visites ……. C’est pour établir un lien personnel que la ligue existe.” Manifeste de la ligue britannique d’aide aux régions sinistrées de France et Belgique 1920 Bathurst Papers, Leeds Library

Les membres de la ligue d’aide ont écrit aux maires dans toute la Grande Bretagne pour encourager l’adoption de ‘filleuls’ ---- des villes et villages qui ont souffert pendant la guerre. Ils ont fait pression dans les journaux régionaux et ont tenu des réunions publiques. En conséquence 80 villes et villages ont adopté des ‘filleuls’ en France.

La ville de Worcester en était une - elle a adopté Gouzeaucourt.

Extrait de livre d’année du Conseil de ville de Worcester 1920/21 Archives de Worcestershire et le Service d’archéologie
Une deuxième réunion publique fut convoquée au Theatre Royal le 17 février 1921.
Theatre Royal, Angel Street, Worcester
from www.cinematreasures.org

En juillet 1920 la Ligue Grande Bretagne en Flandres avait écrit à Worcester pour demander qu’elle adopte Gheluvelt en Belgique --- le hameau où le régiment du Worcestershire s’était distingué en retenant l’avance allemande en 1914. Mais le gouvernement belge a demandé la reconstruction du village entier, ce qui était au-dessus des moyens de la ville.

Quand la Ligue d’Aide a écrit à Worcester pour encourager une adoption et a proposé Gouzeaucourt car c’est là que les soldats du Worcestershire se sont si courageusement battus en 1917. Le conseil municipal a adopté la motion le 1er février 1921 pour:

“adopter le village français Gouzeaucourt ; on demande à Monsieur le Maire de convoquer une réunion des citoyens pour considérer cette proposition, et pour initier des souscriptions pour fournir des fonds pour aider la restauration du village après les ravages de la guerre.”

La réunion publique eut lieu comme prévue au Théâtre Royal le 17 février 1921, et le Major Fox y fit un discours au sujet de la dévastation en France. Il expliqua en détail le rôle qu’avaient joué les soldats du Worcestershire autour de Gouzeaucourt et un comité fut établi pour diriger la collecte de fonds.

Les villes avoisinantes ont aussi ‘parrainé’ des villages français: Malvern a adopté Landrecies, Evesham - Hébuterne, et Stourbridge - Grandcourt.

Les villes qui participaient devaient prendre leurs propres décisions quant à l’aide qu’elles allaient donner. Elles devaient organiser et payer le transport jusqu’à Londres. Et puis la Ligue payait le passage des marchandises à travers la Manche, organisé par Walford & Co. dont la contribution consistait à ne demander que moitié-prix. Le transport ferroviaire jusqu’à la destination finale fut payé par le gouvernement français.

 
Soldats britanniques inspectant un puits à Flesquières 23 novembre 1917.
La plupart des puits avaient été empoisonnés par les troupes allemandes en retraite.
Reproduced with kind permission from Imperial War Museum © IWM (Q 6325)

Le retour à Gouzeaucourt après la guerre s’est fait très lentement.

Les résidents devaient prouver qu’ils avaient un logement avant d’avoir le droit de retourner et puis il y avait très peu à manger et pas d’eau potable.

 

 

Réfugiés Français en 1918
Image from Blog.defawe.com/documents-gouzeaucourt
 
The town of Morains: returning refugees searching for valuables
The town of Morains: returning refugees searching for valuables in the debris of their homes
with kind permission Imperial War Museum © IWM (Q 54688)

Lady Bathurst nota en 1920 que  “Dans un autre village elle rencontra une femme “qui habitait une pièce dont un mur avait été démoli et était donc en plein air.”
Lady Bathurst Wiltshire and Gloucestershire Standard 6 Nov 1920

Victor Thonon, l’architecte belge qui a planifié la reconstruction de Gouzeaucourt,
debout dans les ruines du village lors de sa visite en 1919
Image from Blog.defawe.com/documents-gouzeaucourt

 

 

La ligue était toujours une association de tutelle -- elle n’envoyait pas d’aide de sa propre part, ni ne collectait pas de fonds pour le faire. Elle faisait pression sur d’autres villes pour devenir membres de la ligue et appuyait leur travail. Après 1922 plus d’autres villes ne sont devenues membres; celles qui en avaient l’intention l’étaient déjà devenues et à cause des problèmes économiques de la Grande Bretagne beaucoup de villes ne pouvaient pas envoyer autant d’aide qu’elles auraient voulu. La ligue a tenu sa dernière réunion en octobre 1923 et fut dissoute en 1927.